Pourquoi j'ai quitté Facebook: des précisions

Il y a deux ans je quittais définitivement Facebook. Depuis ce temps ma vie s’en est trouvée significativement améliorée, mais on me questionne encore sur les raisons de cette décision. Chaque fois, on me regarde comme si j’étais autiste. J’ai pensé aujourd’hui mettre à jour le billet que j’avais posté jadis, mais comme l’explication risque d’être longue, autant faire un nouveau billet:

  • J’avais tendance à y revenir à tout bout de champ dans la journée, à y passer des heures et perdre mon temps à lire un flux ininterrompu de choses qui ne me concernent la plupart du temps pas, ou au contraire à «chercher des nouveautés» qui n’existaient pas, créant alors un vague sentiment de vide et de déception.
  • Facebook n’est pas le produit/service. Je suis le produit que Facebook vend. Google fait évidemment la même chose, mais au moins Google m’est utile (pour GMail c’est une autre histoire: je ne me fais tout simplement pas confiance à héberger ma propre infrastructure de courriels de manière compétente pour avoir un taux de disponibilité de 100% et une bonne résistance au spam).
  • Si j’utilise Twitter et G+, c’est pour gérer les relations publiques de Pitivi; si j’utilise Facebook, c’est supposément pour gérer mes relations privées… et il n’y a aucune raison pourquoi je ne pourrais pas gérer mes relations privées «dans le vrai monde» au lieu de confier ça à Zuckerberg. Et si je voulais gérer mes relations privées à travers un site web, il faudrait que ce soit une plateforme ouverte et décentralisée comme «DIASPORA*».
  • Facebook favorise l’invasion passive de la vie privée et le mélodrame (non seulement dans les messages qui s’y échangent, mais aussi dans la simple notion d’accepter ou refuser des «amis»). Les gens se sentaient insultés quand je ne les rajoute pas à mon réseau social, et on ne rentre même pas encore dans l’épineuse question des relations de travail ou des relations amoureuses. Toutes ces sphères de la vie d’une personne entrent alors de force en collision, qu’on le veuille ou non.
  • Non seulement le modèle d’affaires de Facebook est-il de creuser et revendre mes informations personnelles, mon «profil» socio-psychologique et mes habitudes de consommation (incluant qui sont mes amis et où j’ai grandi et étudié)… mais même si je ne fournis pas moi-même ces informations, par phénomène d’aggrégation, mes amis vont le faire pour moi, sans que je puisse faire quoi que ce soit pour empêcher le phénomène. Excepté boycotter Facebook entièrement (et encore).
  • Facebook détruit à petit feu plusieurs fondements de l’Internet et le retransforme en un AOL nouveau genre. Pourtant, je persiste à utiliser l’Internet comme une collection décentralisée de sites ouverts, à utiliser le téléphone, la messagerie instantanée et le courriel (d’ailleurs, je préfère nettement l’ergonomie d’un véritable logiciel de courriel comme Evolution ou Thunderbird à l’inefficacité d’une interface web, mais je suis certainement une espèce en voie de disparition sur ce point).
  • Parce que Facebook ne se limite pas à Facebook, et tente de me suivre absolument partout sur Internet (comme je le craignais en 2010). Vous savez, il y a une bonne raison pourquoi, même après deux ans, Facebook est encore entièrement bloqué au niveau de mon routeur (sauf quand un invité me fait la demande de le débloquer temporairement durant son séjour. Je ne suis pas un monstre). Vous n’avez pas idée de la quantité de scripts/frames cachés sont présents partout sur les sites que je visite (et on ne remarque pas leur présence avant de les avoir bloqués).
  • Les «applications» et autres gadgets du genre (s’ils existent encore sur Facebook) me font chier: ils sont «opt-out», insistants et «constamment dans ma face». Pire encore, ils constituent de sérieux risques de sécurité informatique et de vie privée (et des brèches de ce côté là, ça s’est vu).
  • Parce que Facebook est une tendance technologique qui peut aussi bien être remplacée (bien que, tristement, ce soit improbable). Il y a environ cinq ans, ça n’existait pas et on vivait très bien. Qui sait ce que sera Facebook en 2015, si Facebook existera encore, ou s’il sera remplacé par un autre dispositif orwellien à la mode?

Histoire de vous foutre un peu la chienne (comme on dirait en bon québécois): deux ans plus tard, je viens de faire le test et de recréer un compte, sous un faux nom, sans y entrer aucune information personnelle autre que mon adresse courriel, sans donner l’autorisation à Facebook de fouiller dans mon compte courriel et sans ajouter aucun «ami»:

… et Facebook se souvient encore de tous mes amis, me suggérant qui ajouter. Même si j’avais manuellement purgé mes données puis complètement supprimé mon compte (pas juste désactivé) et même si Facebook m’assurait du contraire, ils ont effectivement conservé toutes leurs données sur moi depuis deux ans.


Ce n’est pas tout: Facebook ne se souvient pas seulement de mes amis, collaborateurs et collègues d’antan… Facebook m’a même proposé d’ajouter quelqu’un que j’ai rencontré dans un café il y a deux semaines. Alors que je ne n’avais pas de compte Facebook. Et dire qu’il y en a qui trouvent que j’exagère…
J’ai ici uniquement énuméré quelques raisons pourquoi je refuse encore et toujours d’utiliser Facebook, même si ça me vaut la marginalisation… phénomène que je pourrais couvrir dans un prochain billet.

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Publié par Kiddo : 87