Liberté logicielle et matérielle, compte rendu de l'émission La Sphère du 16 septembre

Le 13 septembre, je reçus un curieux courriel m’invitant à participer à l’émission « La Sphère » pour un épisode dédié au logiciel libre, sur la principale chaîne radiophonique de Radio-Canada le samedi 16 septembre.

Quelques minutes avant le début de l’émission

L’épisode dure environ une heure, et la version baladodiffusion est divisée en divers segments, mais comme on m’a amené à commenter à travers pas mal tous les segments ou presque, je vous invite à écouter l’épisode intégral si le coeur vous en dit.

Loi de Murphy

Le tout s’est bien déroulé, bien que les sujets potentiels pour lesquels je m’étais préparé ne correspondaient pas aux questions m’étant posées en ondes:

  • Ayant reçu quatre thématiques à minuit la veille de l’émission, je rédigeai en vitesse, le matin même—avant de me diriger vers les studios—quelques 1200 mots pour répondre à ces thématiques de façon structurée. Je m’étais donc préparé des points de discussion et exemples clairs à citer—au cas où on m’amènerait à parler de sécurité informatique, d’abus de corporations non-transparentes, ou de la « futilité » perçue du logiciel libre dans un monde où le matériel n’est pas forcément sous notre contrôle…
  • Ce document, affiché à l’écran du Librem que j’avais devant moi en studio, n’a finalement pas servi, les discussions ayant pris des tournures complètement différentes. Dès les premières questions, je réalisais que je n’aurais pas l’opportunité de rentrer dans du technique/légal/philo de profondeur, et qu’il fallait donc que je réoriente toute ma stratégie de discussion sur-le-champ. Mes réponses lors de l’émission étaient donc toutes construites en temps réel, dans le feu de l’action.

On m’a parfois lancé des questions stéréotypées—un peu réthoriques certes, mais c’était sans doute pour soulever des questions que le public cible se pose probablement!—me forçant dans une position corrective/défensive (où il fallait que je corrige avant toute chose l’idée reçue avant de pouvoir même envisager parler d’autre chose), mais il est justement pertinent de débusquer ces idées reçues, puisqu’il s’agit d’une émission de vulgarisation pour le grand public…

Quelques moments de surprise

Durant l’émission, j’ai également flairé quelques propos autour de la table qui n’étaient pas aussi nuancés que je l’aurais souhaité, ou encore des questions m’ayant parfois laissé bouche bée (telles que « Dans le fond, les gens ne contribuent-t-ils pas au libre principalement pour se faire du CV et laisser tomber une fois embauchés? » ainsi que « Si je veux installer un CRM dans une compagnie, je pourrai jamais utiliser un Librem pour le faire » — dans le deuxième cas, j’étais tellement déconcerté de la largesse d’une telle affirmation que je ne pouvais que vaguement répondre « Hum… ça dépend? »)

Ma réaction

Si j’avais pu préparer une réponse à ces deux questions à brûle-pourpoint, j’aurais par exemple voulu:

  • dire que personne ne contribue au libre d’une façon ainsi machiavéllique—contribuer au libre est une question de philosophie et d’éthique autant que de méthodologie, et si le coeur n’y est pas les contributions ne seront pas convaincantes, il n’y aurait pas de quoi se bâtir une riche carrière;
  • chercher à savoir de quoi mon interlocuteur parlait exactement côté CRM, étant donné que les CRMs libres (ou au moins ouverts) sont multiples et que, généralement, les applications sont majoritairement des infrastructures web aujourd’hui.

J’aurais voulu ouvrir la boîte de pandore (tout le volet sécurité informatique et vie privée, qui est extrêmement riche d’actualités et particulièrement frappant), répondre à toutes les préconceptions, donner des exemples et contre-arguments impeccables, mais il n’y avait pas le temps (comme on peut l’entendre, l’émission en direct a même dû se terminer de façon précipitée). Rendu à un certain point, il faut être conscient des contraintes du flot de conversation et aller au plus simple et direct… sinon, c’est trois heures de discussion qu’il aurait fallu.

Un résultat positif

Je suis certes perfectionniste (comme vous avez pu le constater ci-haut), mais il reste que c’était une bonne émission. Après tout, remettons la chose en contexte:

  • il s’agit ici d’une émission destinée au grand public, et la majorité des auditeurs cibles ne sont pas des experts en informatique;
  • à mes yeux, il est quasi miraculeux que la majeure portion d’une heure d’émission sur une chaîne nationale ait été consacrée au sujet du logiciel libre.

Je suis donc tout à fait reconnaissant envers l’équipe de La Sphère d’avoir cherché à faire une vulgarisation du sujet et des enjeux du logiciel libre… dans la sphère publique!

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Publié par Kiddo : 87