Écrire sur le libre, le point

Depuis que j'ai commencé à écrire j'observe, en retrait, le débat qui anime la toile libre entre Planet-Libre, Journal du hacker et effondrement de la communauté du blog sur le libre. On pourrait y voir un signe précurseur de la fin du monde mais en réalité ça ne l'est pas du tout car les gens continuent à vivre, à écrire,à s'exprimer et c'est peut-être une histoire de temps avant que certains prennent la plume ou alors la plume n'attire plus.

Ça fait une dizaine d'années que j'utilise Linux et les logiciels libres et je commence tout juste, depuis un an, à m'intéresser à la sphère qui gravite autour, aux gens qui écrivent sur le sujet et qui partagent leurs avis. J'essaie le plus de commenter les billets, car je remarque que les gens ont délaissé les blogs pour commenter, préférant le plus souvent aller sur les réseaux sociaux.

Partager c'est une chose qui évolue, qui prend du temps pour arriver à maturité. Si je prends mon cas je dois bien avoir un tiers des billets que je ne publie pas car je ne vois pas ce que ça peut apporter. C'est assez dur d'écrire et ça demande du temps. Le plaisir en revanche est bien là.
Quand j'ai commencé à avoir en tête l'idée de créer un blog je ne savais pas encore ce que j'allais écrire, ce que je voulais écrire. Je ne suis pas un professionnel de l'informatique alors les billets sur les trucs de sysadmin ou les choses techniques ce n'est pas pour moi. Je n'ai pas envie non plus de faire des tests de distributions à la pelle, certains le font très bien et je ne vois pas ce que je pourrais apporter à déglinguer une distribution ou à en introniser une autre. Le choix de la distribution est un choix personnel.
Je vais donc parler de choses qui me touchent, donner mon avis sur des sujets, parler de l'état de ma réflexion sur le libre ou encore sur mon métier à un moment T. Car oui un blog est, comme un discours, une idée à un moment donné et, je pense, ne doit surtout pas être fixe, au contraire la liberté de changer son point de vue est une force.

Alors quid du débat Planet-Libre ou Journal du Hacker ?  Eh bien je trouve que les deux ont des buts différents et peuvent être complémentaires :
  • D'un côté Planet-Libre, qui est alimenté à l'initiative des blogueurs, comme le faisait remarquer Gemna récemment il est possible que l'effervescence soit retombée et que maintenant les billets sont un poil plus pro qu'auparavant. Mais il y a encore des gens qui parlent du libre avec un regard amateur.
  • De l'autre le Journal du Hacker qui lui, est un moyen pour les lecteurs de partager les billets ou articles qui les ont marqués, interpellé. L'utilité est différente que le planet-libre, mais il permet tout de même de découvrir des billets sympas.

Je n'ai pas connu cet âge d'or du blog dont certains parlent régulièrement mais, je pense effectivement qu'un changement s'est opéré mais qu'il ne signe pas l'arrêt de mort des blogs traitant du libre.
L'utilisation a changé en une dizaine d'années, l'émergence des smartphones et tablettes a considérablement influencé la manière d'utiliser son outil. Les routards du libre ont peut-être arrêté d'écrire, car ces nouveautés ne les attirent plus autant qu'à une époque mais, des nouveaux prennent la plume, essaient du moins. L'heure est plus à la vidéo qu'à l'écrit ou même l'audio, mais je pense sincèrement que ces deux derniers persisteront.

Le libre c'est professionalisé certes, mais je pense que le clivage dichotomique qui a émergé dans la mouvance Linux a pu en refroidir plus d'un de sortir sa plume d'amateur. Il est assez compliqué de vouloir écrire simplement, avec passion, quand on sait qu'il y aura toujours des gens pour nous dire qu'on a rien compris. Il faut réussir à passer dessus, vous comprenez ce que vous voulez et c'est très bien comme ça.
Discuter est un verbe qui se perd, on assiste de plus en plus – et on peut le constater dans d'autres domaines que le logiciel libre – à des débats où seul deux camps s'affrontent à coups de "moi j'ai raison" ou "moi, c'est mieux.". Pour moi ce manque de discussion est représentative de la société actuelle, on se divise souvent en deux camps (les traditionnels pour et contre) en rapportant que très rarement un avis plus développé et au final ça n'avance pas, ou du moins ça occulte le peu de visibilité que pourrait avoir les projets innovants.

Linux a aussi vu sa population d'utilisateurs se transformer, il y a quelques années c'était seulement les passionnés de bidouillage qui s'aventuraient dans les terres parfois semées d'embûches qu'étaient les distributions linux à l'époque. Je me rappelle avoir voulu convaincre des amis, il y a bien 6 ou 7 ans, d'utiliser Linux. Et même si les principes les attiraient, ils ont vite déchanté face aux bugs et changements qui s'imposaient à leurs habitudes d'utilisations windowsiennes.


Le libre s'est développé et s'inscrit dorénavant plus dans une démarche alternative. Le libre est la déclinaison informatique d'une façon de pensée respectueuse, libertaire, démocratique, d'un mode de vie où l'on revient à l'humain à l'entraide. Pour le moment il faut bien reconnaître que ce n'est pas accessible pour n'importe qui mais, finalement, est-ce une nécessité ? Doit-on assister à un monopole Linux ? Linux et le libre ne sont-ils pas plus fort en position d'alternatives ? Ce rêve utopique où l'on serait libres, respectueux, bienveillants restera peut-être qu'un simple rêve mais au moins il pousse à écrire à réfléchir, à débattre. Ça sert à ça de rêver, ça fait avancer.
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Publié par Bridouz : 36