L’AFUL lance une marque pour les offres de logiciels libres

Logo_OffreLibre_Aful_w500Pour ceux qui l’ignoreraient, l’AFUL fait partie du paysage associatif du monde du logiciel libre. L’acronyme est clair : Association Francophone des Utilisateurs de Logiciels Libres. Cette association est également à l’origine de l’initiative Non aux racketiciels qui a pour objectif de lutter contre la vente liée de matériel et de logiciel.

L’AFUL est présidée par le bouillant Laurent Seguin avec qui j’ai eu l’occasion de discuter. Je partage avec lui  quelques orientations, notamment celle selon laquelle le logiciel vraiment libre ne pourra émerger que le jour où les utilisateurs décideront de prendre leur avenir informatique en main. D’ici là il faut aider ces derniers à y voir clair dans une offre devenue pléthorique et où l’opensource washing se cache souvent dans les détails.

Pour cela l’AFUL propose la mise en place d’une marque « Offre Libre ». Cette marque sera associée à une note de A à D. Il ne s’agit bien évidemment pas de juger de la qualité des logiciels, mais de leur respect de certains principes :

Seuls les critères liés aux libertés logicielles dans un cadre professionnel sont vérifiés. C’est donc à la fois un guide de bonnes pratiques pour les offreurs et un complément à la prise de décision.

J’ai parcouru le formulaire de demande d’usage de la marque et du logo. Les critères étudiés concernent :

  • Les licences utilisées, l’existence de dépendances ou complément non libres ;
  • L’accès aux sources des logiciels ;
  • La documentation associée au code source ;
  • L’ingénierie liée au logiciel : qualification, tests, gestion des données et la montée de version (scripts et méthodes de montée d’une version N à N+1 sont-ils sous licence libre ?). Ce dernier point est à mon sens très important ;
  • Les aspects commerciaux : modèle d’affaires, licence multiple, transparence tarifaire, politique de gestion du code client/spécifique, autonomie de l’utilisateur ;
  • Pour les éditeurs : la gestion de la communauté avec les conditions de contributions au code, les remontées de bugs et de demandes, les relations avec les utilisateurs
  • La notoriété par l’existence de références clients ;

La démarche d’évaluation ressemble à celle de la méthode QSOS et à l’évaluation des critères de « maturité » d’une solution de logiciel libre. Je l’utilise systématiquement dans toutes mes études lors des phases d’avant-projet au moment du choix d’une solution open source. C’est un guide assez efficace.

Si j’ai bien compris, cette marque ne concerne donc pas les fondations ou associations qui portent un logiciel libre, mais les entreprises qui proposent des services. The Document Foundation ou la Fondation Apache ou encore Mozilla ne pourraient être candidat du moins tant qu’elles ne proposent pas d’offres commerciales.

Un point qui me dérange est la composition du jury  :

  • représentants des activités de services avec/sur du logiciel libre (ESNL) ;
  • représentants des activités d’édition (mainteneur) en logiciel libre (ENL) ;
  • représentants des « clients » n’appartenant à aucune des deux catégories précédentes ;
  • représentants des « militants du Libre » n’appartenant à aucune des trois catégories précédentes.

J’aurais préféré que seuls les « clients » et « militants du Libre » soient à même de décerner cette marque qui les concerne au premier chef.

La marque sera obtenue pour un an et devra faire l’objet d’un renouvellement. Quelle charge de travail va représenter à long terme ce processus pour l’AFUL et ses membres ? Cela sera-t-il supportable ? L’avenir le dira.

Une autre approche, mais qui pourrait s’envisager comme une évolution, serait de demander aux offres souhaitant utiliser la marque de mettre à disposition une structure de données XML standardisée par l’AFUL sur le site de leur projet. Cela permettait d’analyser automatiquement les critères. Ainsi l’AFUL pourrait mettre à disposition des utilisateurs un site affichant ses informations dans un langage pour « êtres humains ». Une idée que j’emprunte à Pascal Kotté qui mène un groupe de réflexion sur le partage et le décryptage des conditions et abus des services « en ligne »  dont j’essaie de suivre les travaux plutôt mal que bien

Dans le cas présent les réponses des formulaires d’ « Offre Libre » ne seront pas publiées et seront considérées comme confidentielles. A chaud je trouve cela dommage. La motivation de cette confidentialité m’échappe peut-être.

L’initiative n’en reste pas moins intéressante et elle se bonifiera certainement avec l’usage et les premiers retours. Il faut bien commencer un jour :-) ! Il restera bien évidemment à faire connaître cette marque des utilisateurs et à leur vendre sa pertinence.


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Article original écrit par Philippe Scoffoni le 07/01/2015. | Lien direct vers cet article

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