Portrait de Rue, projet street art de Ero Ellad

Ne vous-êtes vous jamais demandé quel tête pouvait bien avoir celui ou celle qui a donné le nom de votre rue ou celles de votre quartier ?

Tel est le point de départ de l'original projet #PortraitDeRue de l'artiste Ero Ellad : répondre à la question en affichant un portrait stylisé juste sous les plaques et en faire ainsi profiter tous les habitants du XIème arrondissement de Paris où elle réside.

Prenons l'exemple de la rue Nicolas Appert, située entre Bastille et République, qui porte le nom de l'inventeur au début du XIXème siècle de la... boîte de conserve !

Une petite recherche, bien effectuée, dans Gallica nous amène à la page 653 des Merveilles de l'industrie ou description des principales industries modernes publié en 1875 par Louis Figuier.

Ero Ellad s'empare de l'image, la retouche, l'imprime, puis y ajoute sa touche personnelle avec peinture, police et signature.

Voici le résultat :

Rue Félix Voisin, rue Chanzy, rue Charles Delescluze, rue Maximilien Titon... Ce sont ainsi plusieurs centaines d'affiches qui ont récemment décoré une cinquantaine de rues de l'arrondissement. Et d'autres zones parisiennes sont en préparation.

Le mode opératoire est certes sauvage mais écolo : les affiches sont biodégradables avec du papier recyclé et de la colle qui n'est qu'un mélange de farine et d'eau et on agit la nuit en Vélib'.

Une petite vidéo vaut mieux qu'un long discours :

Sont-elles encore visibles aujourd'hui ? Quelques unes demeurent, oui. Mais c'est de l'art urbain et donc de l'art éphémère...

Nous sommes allés la rencontrer dans son atelier.

Sur la photo ci-contre, elle porte l'affiche de Louis Faidherbe tandis que j'arbore celle d'une des rares femmes de la série, la pilote automobile, pionnière en la matière, Camille du Gast.

Est-elle sensible à la problématique du domaine public ? Au fait qu'elle a le droit de réutiliser ces photos et gravures anciennes parce qu'elle font justement partie du domaine public ? Qu'en agissant ainsi elle s'inscrit directement dans le remix du domaine public, d'où notre intérêt manifesté ?

Pas vraiment. Tel Robert Rauschenberg ou Andy Warhol, elle a très souvent réutilisé des illustrations et photos existantes dans sa pratique artistique sans jamais se poser véritablement la question des droits. Il s'agit bien moins d'un remix du domaine public que d'un remix tout court qui a de tout temps inspiré la création artistique.

Et si on ne trouve pas de portraits de personnalités récentes dans ses affiches (qui pourraient justement poser problème quant au droit d'auteur du photographe) c'est avant tout parce que « tout le monde connaît la bobine du général de Gaulle ».

Toujours est-il qu'elle souhaiterait pouvoir proposer un site dédié au projet autre qu'une simple page Facebook mais elle manque de temps et de compétences. Elle y déposerait toutes les affiches, indiquerait les sources (du domaine public) des illustrations et inviterait d'autres personnes à les personnaliser et en faire de même dans leur propre ville.

Disponible et motivé(e) ? Merci de nous contacter.

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Publié par Romaine Lubrique : 105