Un seul pays suffirait à renverser le monopole du copyright

Et si un pays, un seul et unique pays, décidait de changer ses règles du jeu concernant le copyright ? À cause, ou plutôt grâce à Internet, cela aurait des conséquences directes sur la législation et les accords des autres pays. Sur nos usages aussi, puisqu’il nous suffirait d’aller sur les sites de ce pays pour télécharger, échanger, partager et contribuer à la culture de ce pays ou de cette zone, accessible à tous, toujours grâce à Internet.

Telle est l’hypothèse de Rick Falkvinge, son espoir aussi.

Remarque : Pour parfaire sa culture sur le sujet des zones autonomes, on poura lire ou relire Hakim Bey.


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Le monopole du copyright finira par se désagréger : il suffit d’un seul pays

Copyright Monopoly Disintegration Inevitable As It Only Takes A Single Country

Rick Falkvinge - 1 décembre 2013 - TorrentFreak
(Traduction : Dalz, goofy, Omegax, Llu, KoS, Asta, Penguin, peupleLà, Diin + anonymes)

Des zones autonomes expérimentales mais légales sont en train d’émerger au Honduras et ailleurs dans le monde. C’est l’une des choses les plus passionnantes qui se soit développée depuis longtemps et cela annonce l’effondrement de la tyrannie qu’exerce l’industrie du copyright sur la culture et la connaissance.

Je crois en la compétition. Je crois en l’expérimentation pour voir ce qui fonctionne le mieux et ce qui peut être répété de manière prévisible ? appelez ça méthode scientifique appliquée à la société, si vous voulez. C’est devenu un problème géopolitique parce que les États-Unis garantissent leur recherche d’une rente mondiale en forçant les autres pays à accepter ce qu’ils appellent les accords de « libre-échange » qui sont, dans le plus pur style novlangue, l’exact opposé : ce sont des accords qui empêchent le libre échange en faveur des détenteurs de monopoles.

Mais un monopole ne dure que tant que tous les pays le respectent. En particulier, un monopole qui concerne Internet ? tel que celui du copyright ? demande une coopération de chaque pays connecté à Internet pour survivre. Le premier pays qui s’échappera de cette structure oppressive permettra la diffusion de la culture et du savoir ? imaginez que The Pirate Bay soit situé dans un pays où il serait légal à 100%, et où il serait illégal de harceler cette énorme bibliothèque.

Trois zones géopolitiques menacent la domination des États-Unis sur cette recherche de rente et les monopoles que nous connaissons comme les monopoles sur les droits d’auteur et les brevets.



L’Europe, qui est puissante par sa tradition de libertés civiles et son économie pure ? c’est la plus grande puissance économique du monde, et donc, tout monopole dont l’Europe ne veut pas cesse d’exister dans la pratique. Malheureusement, les dirigeants politiques européens sont perpétuellement en admiration devant ce que font les États-Unis et ne les défieront pas de sitôt, sauf s’ils sont défiés à leur tour par le Parti Pirate par exemple (quand cela arrive, comme avec la défaite d’ACTA l’année passée, c’est grâce à l’indignation citoyenne ? et non à cause d’une quelconque volonté politique).

La Chine, qui a une tradition culturelle et idéaliste différente de l’Europe et des Amériques. L’Asie travaille sur des générations et des siècles plutôt qu’à l’échelle de semaines ou de mois. C’est un degré de patience inconnu en Occident. Les Chinois ont un poids économique comparable à celui des États-Unis ou de l’Europe et sont tout sauf idiots. Ils copient les régimes de propriétés intellectuelles des États-Unis, et voient comment ils peuvent en profiter une fois que la Chine deviendra leader : le protectionnisme vise à préserver l’influence et les Chinois l’ont parfaitement compris.

Enfin, il y a l’Amérique latine, qui ne porte pas les États-Unis dans son cœur après 50 ans d’interventionnisme. Sur le plan économique, elle représente la moitié du PIB des États-Unis ou de l’Europe et ne peut donc pas rivaliser directement. Cependant, elle peut être compétitive dans le cadre d’une concurrence différente et cela semble être un des changements géopolitiques les plus excitants depuis très longtemps.

Hier, il est devenu clair que de nouvelles zones légalement autonomes vont être établies en Honduras et dans d’autres endroits, sous l’œil intéressé du Panama et du Guatemala. Ces zones légalement autonomes sont de petits endroits qui peuvent écrire leurs propres lois expérimentales, dans le but de rivaliser à petite échelle avec les lois nationales afin de savoir, à l’échelle d’un laboratoire, si les choses fonctionnent mieux.

Beaucoup de ces zones sont envisagées en Amérique Latine. Et l’Amérique Latine, à juste titre, en a plus qu’assez du monopole du copyright. J’ai l’espoir qu’un, juste un, de ces pays laisse tomber ce concept de monopole en faveur d’un vrai libre-échange et des droits de propriétés réels. Dans un réseau international, il suffit qu’un seul pays déclare obsolète le monopole du droit d’auteur pour que la planète entière perde toutes les fonctions du monopole du droit d’auteur, sans exception. Nous sommes aujourd’hui arrivés à un point où l’émergence d’une seule zone autonome en faveur d’Internet suffit pour y arriver.

En guise d’exemple, prenons le livre de George Orwell, 1984. Il est toujours soumis à un monopole de droits d’auteurs aux États-Unis et en Europe, mais pas en Australie, où il est publié dans le domaine public. La distribution de cet ouvrage est donc clairement illégale aux États-unis et en Europe, alors que son accès est particulièrement simple, puisque distribué légalement en Australie, et que l’Australie est connectée à cette chose que nous connaissons sous le nom d’Internet.

Maintenant imaginez si un État – ou une zone autonome – désirait faire cela pour tout le savoir et toute la culture de l’humanité ! Le futur serait extrêmement radieux, et il n’y aurait plus de monopole du copyright du tout. Cela demande juste qu’une seule juridiction renverse entièrement cette oppressante structure mondiale.

Crédit photo : Gauravonomics (Creative Commons By)

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