Ubuntu : la rançon du succès

Le héron robuste vient juste de sortir de l’eau. La figure de proue des distributions orientées «Desktop» file aussi sûrement que l’oiseau échassier vers un n-ième succès.

Force est de constater que la distribution populiste tient pour le moment son pari. Arrachés en douceur de leur système d’exploitation privateur, des anciens damnés de l’informatique viennent progressivement grossir les rangs de la communauté orange.

Cependant, Ubuntu va devoir encore cravacher pour satisfaire à ses ambitions. Corriger le bug numéro 1 n’est pas une tâche aisée ; le tout puissant Microsoft continuera d’employer les moyens les plus brutaux pour empêcher l’ascension légitime du logiciel libre. Les coups de boutoir crapuleux de la firme ne cesseront pas d’alimenter la presse informatique dès demain matin…

Passons. Aujourd’hui, je veux bien sûr partager avec mes lecteurs la satisfaction, la joie (disons l’euphorie) fournies par la sortie d’une des plus belles distributions GNU du moment. Mais je souhaite également exprimer un avertissement. Je l’adresse aux nouveaux venus du logiciel libre, à tous ceux qui commencent à le découvrir ou qui souhaitent le connaître.

Lecteur assidu des forums d’Ubuntu, j’en apprécie tout particulièrement l’atmosphère chaleureuse, la richesse des propos échangés et la générosité des intervenants. J’aime ma communauté. Même si parfois, plusieurs de ses membres semblent s’égarer. Avez-vous remarqué le comportement étrange qui tend à habiter certaines âmes ?

Jugez-vous même. Ces extraits, bruts de décoffrage, proviennent tout droit des forums francophones de la célèbre distribution :

  • «Non moi je vous conseille de passer à Opera qui en passant en plus d’être rapide possède de nombreux plugin fort sympathique.»
  • «Non, Opera n’est pas du code « libre », mais Firefox sponsorisé par Google l’est-il vraiment ?»
  • «Sinon pour répondre à la question, j’ai laissé tombé Firefox pour Opera. Pas parce que j’aime pas Firefox, pas parce qu’il ne respecte pas à 100% les standards CSS, mais juste parce qu’il est trop long à charger ! C’est tout.»
  • «je viens de tester excel2007 ca marche pour moi
    ca vaut la peine de filer quelques $ a codeweavers»
  • «ouais, sauf que les logiciels libre c’est bien gentil, mais à partir d’un certain niveau ça remplace pas les logiciels proprio.»
  • «Qu’est ce qu’on s’en fout que c’est pas libre. Y’a plein de choses qui ne sont pas libre de toute façon»

Ces réflexions sont souvent en relation avec des softs comme Opera, Microsoft Office, Photoshop ou encore Skype. Les défenseurs de ces logiciels propriétaires arguent que la performance et le bon fonctionnement d’un outil prime sur sa liberté. Ainsi, certains utilisateurs ne semblent concevoir «Linux» (comme ils aiment à l’appeller) que comme un gros «freeware» gratuit, avec bureau 3D intégré. Ils ont déjà oublié les vices du logiciel privateur ! A quoi bon propulser Ubuntu dans la sphère très restreinte des OS populaires, si les libertés établies par la Free Software Fondation s’effaçent au profit d’un sens pratique douteux ? Je voudrais que les nouveaux venus prennent le temps d’y réfléchir. Pour cela, ils disposent d’un matériel conséquent : le site du projet GNU, les conférences de RMS

Bien sûr, nous n’avons parfois pas d’autre choix que de faire une entorse aux principes. Il est concevable d’utiliser un logiciel qui n’existe pas encore sous licence GPL quand il est nécessaire au bon fonctionnement de notre ordinateur.

Seulement, il faut avoir conscience de ce que l’on fait. Savoir distinguer ce qui est libre sur notre machine, de ce qui ne l’est pas. Comprendre quelles libertés l’on perd quand l’on installe un logiciel tiers. Etre pragmatique, certes, mais ne pas se leurrer.

Bonne chance aux nouveaux arrivants ! Profitez-bien de Ubuntu Hardy Heron. Une distribution magique.

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Publié par Zitrouille : 9