Google, Facebook : vampires numériques

Suite a une interview d’un expert en sécurité qui donne son avis sur le profilage des internautes, je lisais, atterré, certains commentaires regroupant un mélange d’ignorance et de méconnaissance.

« Google peut m’inonder de pubs, je ne m’y attarde pas car lorsque j’ai un achat à faire ce n’est pas la pub qui va diriger mon choix, loin de là. »

« Et que google dissèque mes émails, je m’en fiche mais trouve cela passablement minable comme procédé. »

« Evidemment, un bon antivirus /anti-ad / anti-spyware ne peut qu’ajouter à votre confort. Perso, je navigue tous les jours sur Google et consorts depuis des années et je n’ai jamais eu le moindre souci. »

« Que les entreprises utilisent Google est une chose. Mais Google n’utilise pas réellement la franchise pour se renseigner sur la clientèle des entreprises. »

En clair :

– la publicité, ça ne sert a rien car elle n’a aucune influence
– si Gmail lit mes mails, c’est mal mais je continue à l’utiliser
-les logiciels de sécurité vont me protéger de Google

Certes, j’ai choisi les commentaires les plus gratinés, je l’avoue bien volontiers. Mais j’en lis de cette teneur sur tous les sites d’informations qui abordent le thème de l’influence de la publicité. Les internautes du Point.fr sont donc des costauds qui ne sont pas concernés par les effets de la publicité. On appréciera à leur juste valeur ce genre de commentaires. Et oui, c’est bien connu, on est toujours plus malin que son voisin.

1) si vous pensez vraiment que le publicité n’a pas d’influence sur vous, comment expliquer que des milliards dEuros soient dépensés chaque année par des entreprises dans ce domaine ? Ces sociétés seraient-elles dans le faux car notre esprit serait incorruptible ?

2) pourquoi la mode est-elle à la collecte généralisée de nos données de consommations, de dépenses et de navigation internet ? Est-ce uniquement pour le plaisir de collecter du cookies et du clic ? Là encore, des millions seraient depenser pour rien ?

des éléments de réponse

Certains médicaments sont capables d’éteindre des pensées négatives et des désirs, d’autres stimulent le cerveau ou améliorent la concentration. Le cerveau est une suite de réaction chimique. Les mots, par le biais de la psychothérapie et de  thérapies comportementales, vont également créer ces réactions chimiques et réellement nous  »changer ». Dans l’Histoire, on peut observer des sociétés basées sur l’endoctrinement et l’embrigadement des citoyens par les mots, le discours et les images. Le cerveau humain est donc malléable. La publicité, par son travail permanent sur nos esprits, ça marche.

Ces dernières années, les neurosciences ont pris un essor extraordinaire avec le progrès de la technologie, de l’imagerie médicale et de la puissance de calcul des ordinateurs pour simuler et virtualiser toutes les expériences possibles et imaginables. La cartographie du cerveau avance, nos émotions sont décortiquées et nos pensées sont l’objet de recherches de plus en plus poussées.

Le neuromarketing et la neuroéconomie sont des sciences très récentes. Leur but est simple : connaître le fonctionnement de notre cerveau dans le processus de décision lors de la phase d’achat. C’est-à-dire lorsqu’on décide de sortir la carte de crédit pour acheter.

Imaginez un instant une entreprise capable d’influencer vos décisions d’achat dans 10-15% des cas ?

Comment en apprendre le plus sur le cerveau humain ?

il faut commencer par collecter toutes les données générées par ce même cerveau, ainsi que ces réactions face à divers stimulus : paroles, mots, achats, communication, déplacements, courrier, photos…  En les collectant et en les recoupant.

Le processus le plus simple pour vous connaître sur internet est de vous suivre sur le long terme. Si on peut vous suivre pendant 10 ans via votre courrier privée (Gmail, Yahoo, Apple…), via vos photos (Picasa, Flickr), via votre navigation sur internet (avec les navigateurs Google Chrome, Apple Safari), via votre utilisation des réseaux sociaux avec vos commentaires, vos groupes, vos +1, vos repartage (Google+, Facebook), via votre téléphone mobile (Android, Apple), alors on peut vous connaître mieux que quiconque. Mieux que vos parents ou votre femme.

Imaginez-vous avoir au dessus de votre épaule, depuis 10 ans, quelqu’un qui regarde votre vie silencieusement, prenne des notes sur tout ce que vous dites, sur ce que vous faites, sur ce que vous pensez ?

Au-delà de l’abandon de votre vie privée et de votre intimité, de grandes entreprises privées créent des profils isus leurs millions d’utilisateurs. Elles nous percent à jour, elles nous parcourent. Elles sont maintenant capable d’influencer nos vies.

Cette collecte permanente de nos données permet à ses entreprises de s’enrichir, de créer des monopoles incontournables, d’augmenter leur emprise sur le net et leurs utilisateurs en le traquant toujours plus.

Avec l’apparition des objets connectés, cette collecte va s’amplifier. La moisson de données pour enrichir les travaux des neuromarketeurs ne fait que commencer.

Aun moment, il faudra dire non.

 

_ Damien

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